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Emmà Landi

Il y a quelque chose avec les livres


Extrait de conception graphique - Beau-livre photo et poésie

Ils sont dans ma vie depuis toujours. J’ai eu la chance de grandir avec des livres partout dans la maison. Quel plaisir de parcourir les étagères pleines à craquer pour en choisir un ; quel plaisir d’alimenter sa propre bibliothèque d’enfant, d’ado, puis d’adulte ; quel plaisir d’imaginer qu’il existe un nombre (presque) infini de titres qui nous attendent en librairie ou en bibliothèque, pour nous instruire, nous réconforter, nous surprendre, nous faire rêver, … ; quel plaisir de chercher un ouvrage à offrir…


Enfant, quand mes parents m’amenaient au salon du livre (Pau), j’étais heureuse de partir à la quête d’un livre ou deux. C’était précieux. Je me souviens notamment de L’Orpheline dans un arbre de Susie Morgenstern[1]. Qu’est-ce qui faisait qu’à 10 ans, je choisissais ce roman ? Il rentrait alors dans mon jardin secret. Quand vient le moment de se plonger dans certaines lectures, on espère toujours que personne ne nous embêtera. Il y a quelque chose de l’ordre de l’intime et du refuge.



 


À certains moments de vie, on peut perdre ce rapport-là. Au lycée, étant en filière littéraire, j’ai inconsciemment diminué mes lectures « plaisirs » au profit des lectures obligatoires. Ne parlons pas des années universitaires ! Et ce n’est pas comme si le numérique et ses nombreuses distractions étaient d’une grande aide. Cela dit, quand on sait que les livres ont fait partie de notre équilibre, on trouve des manières, un jour ou l’autre, de les réintégrer dans notre vie. Il n’existe pas de profil de lecteur ou lectrice modèle. C’est une activité qui évolue. J'ajouterais, d'ailleurs, que les lectures « obligatoires » ou « recommandées » sont nécessaires dans notre apprentissage. On découvre des textes, des contenus vers lesquels on ne serait pas allé·e·s d'emblée. L'école et les études, entre autres, sont là pour nous ouvrir au monde.



 


Il y a quelque chose avec les livres.


C’est un support qui a traversé tant de siècles[2] et qui survit largement. C’est dingue quand on y pense. Moi, je trouve ça dingue. Pour autant, beaucoup avaient prédit sa mort, dès la fin du vingtième siècle, avec le développement du numérique notamment. Or, il n’en est rien[3]. Dans le même temps, se développait un graphisme éditorial très créatif et on assistait à l’éclosion de nombreuses maisons d’édition indépendantes[4], elles-mêmes à l’origine de beaucoup d’innovations[5]. Le livre est toujours là, pour celles et ceux qui choisissent de le voir. Il est certain que lire est une pratique lente qui peut peiner à séduire dans le tourbillon de notre société actuelle. Mais justement. Faisons du livre cet arrêt sur image.



 


Quand j’allais au salon du livre avec mes parents, à la librairie, ou encore à la bibliothèque, j’avais ce schéma en tête : un livre = un auteur ou une autrice. Dans une certaine mesure, c’est bien le cas. Sans auteur ou autrice, pas de livre. Mais sans professionnel·le·s du livre (édition et auto-édition), pas de livre non plus. Un travail d’équipe de passionné·e·s s’impose. Pour faire lien. Pour que le texte de l’auteur ou de l’autrice rencontre son lectorat. Et de la meilleure des manières.


Sur la couverture du livre, ce que l’on voit d’emblée, à priori, c’est le titre et l’auteur ou l’autrice (sans parler de visuel). Si on l’examine bien, on y reconnaîtra la maison d'édition, au moyen d’un logo. Elle se repère aussi par d’autres éléments, comme par une esthétique récurrente sur plusieurs titres, voire tous : un design graphique clair qui en constitue l’identité.


J’ai découvert le milieu de l’édition en 2016, lors de ma licence professionnelle. Je réalisais progressivement que j’intégrais le monde de la création des livres. Je ne pouvais rien espérer de mieux à ce moment-là. C'est un monde exaltant. Il y avait quelque chose avec les livres depuis que j’étais petite. Et j’entrais alors dans ses coulisses.


Étant indépendante aujourd’hui et ayant une activité multiforme[6], j’ai cette possibilité de travailler sur différents types d’ouvrages, dans divers domaines. Chaque genre a ses propres codes, qui peuvent pour autant être remaniés. Chaque livre à concevoir est un nouveau défi, celui de plaire à l’éditeur ou éditrice, à l’auteur ou autrice, et enfin aux lecteurs et lectrices. Je fais surtout allusion aux livres qui demandent un travail graphique un peu plus important que pour un roman, par exemple. Mais que ce soit une maquette simple ou une maquette plus complexe, on se doit de garder une même rigueur. Chaque détail compte. Mon rôle en tant que graphiste-maquettiste (mais aussi en tant que correctrice ou illustratrice) réside dans le fait de créer une expérience de lecture agréable[7].


J’ai hâte de poursuivre sur ma lancée, d’échanger avec vous pour nourrir vos projets, de concrétiser vos idées.


Je vous souhaite une bonne rentrée,


À bientôt,

Emmà Landi



 


Sources

CAVE Roderick, AYAD Sara, Une histoire mondiale du livre. De la tablette d’argile au livre numérique, éd. Armand Colin, Paris, 2015, 288 p.

CHAUDOYE Geneviève, Graphisme & Édition, coll. « Pratiques éditoriales », éd. du Cercle de la Librairie, Paris, 2010, 158 p.

Syndicat national de l’édition. Synthèse. Les chiffres de l’édition du syndicat national de l’édition, 2023-2024.

VIERA Lise, L’Édition électronique. De l’imprimé au numérique : évolutions et stratégies, coll. « Labyrinthes », Presses universitaires de Bordeaux, 2004. Publié sur OpenEdition Books le 13 janvier 2021. Consulté le 5 septembre 2024, https://books.openedition.org/pub/30726?lang=fr.

VOIZARD Karl-Henri, SIRE Guillaume, Le Livre à l'ère du numérique, coll. « Colloques & Essais », Institut francophone pour la justice et la démocratie, Bayonne, 2024, 186 p.

 

 


[1] L’école des loisirs, 2005.

[2] C’est au début du quinzième siècle que l’imprimerie fait son entrée grâce à Gutenberg. Par conséquent, on assiste à une commercialisation et à une diffusion inédites de l’objet livre.

[3] Si l’on parle du livre numérique, ce dernier n’a pas détrôné le livre papier ; les deux formats coexistent, ne répondant pas aux mêmes besoins. « En 2023, le chiffre d’affaires des ventes de livres numériques (283 M€) représente 10,1 % du chiffre d’affaires total des ventes de livres des éditeurs (2 796,3 M€). » Syndicat national de l’édition. Synthèse. Les chiffres de l’édition du syndicat national de l’édition, 2023-2024. Ce chiffre n’est pas négligeable, mais on est très loin d’un remplacement.

[4] Notamment en réaction à l’hyperconcentration éditoriale qui a lieu dans la deuxième moitié du vingtième siècle, qui est d’ailleurs encore très présente aujourd’hui. Source : VIERA Lise, L’Édition électronique. De l’imprimé au numérique : évolutions et stratégies, coll. « Labyrinthes », Presses universitaires de Bordeaux, 2004. Publié sur OpenEdition Books le 13 janvier 2021. Consulté le 5 septembre 2024, https://books.openedition.org/pub/30726?lang=fr.

[5] VIERA Lise, L’Édition électronique. De l’imprimé au numérique : évolutions et stratégies, coll. « Labyrinthes », Presses universitaires de Bordeaux, 2004. Publié sur OpenEdition Books le 13 janvier 2021. Consulté le 5 septembre 2024, https://books.openedition.org/pub/30726?lang=fr.

[6] Je propose des services en design graphique, illustration et correction de texte ; pour l'édition, la presse, la communication, l'identité visuelle des entreprises et autres structures. Ce sont des disciplines qui se complètent, et me permettent d’avoir un regard riche sur chaque projet et d’en comprendre les contraintes.

[7] Et cela passe par de nombreux éléments. En partant de la base, on ne veut pas que le lecteur ou la lectrice ait des difficultés à lire le texte, donc, par exemple, on fait attention aux choix des polices de caractères et du corps du texte ; on sera aussi vigilant·e aux blancs pour aérer correctement le texte, etc. Et puis, après, il y a toute la partie plus créative qui apporte une nouvelle dimension à la lecture.

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